PROCESS

S’échapper du confinement

À l'ère de l'image, mais aussi de la pandémie de COVID, qui interrogent toutes deux les idées de frontières, ce projet est né de la frustration produite par l'année 2020 et ses événements. Assis dans nos maisons, qui se sont transformées en barrières du jour au lendemain, les murs sont devenus trop familiers. Dessiner des paysages et des textures dans mon espace est vite devenu mon dernier outil d'évasion, quitte à utiliser des outils de machine learning pour donner vie à ses croquis et les ramener entre réalité et rêve.

Technique

Ce projet s'est construit autour d'une recherche visuelle et technique sur l'utilisation de l'intelligence artificielle (notamment les types de Machine Learning, qui ne sont pas des Intelligences Artificielles à proprement parler mais sont communément inclus dans cette famille) et leur utilité dans le monde de l'image et de la photographie, leur potentiel pour briser les frontières et faire voyager l'esprit. GauGAN (de Nvidia) est le premier programme utilisé dans ce projet. A partir de dessins très simples, faits de formes et de couleurs simples attribuées à une texture ou à un matériau, le programme consulte la bibliothèque de Google Images pour constituer un paysage artificiel correspondant au dessin (voir photos ci-après). Après avoir dessiné des centaines de paysages, je me suis retrouvé de plus en plus influencé par mon environnement de l'époque : mon appartement pendant la deuxième vague du COVID-19. Mes paysages comprenaient une quantité croissante de symboles humains comme des toits, des murs et évidemment des fenêtres et des portes. Le programme, qui n'était pas conçu pour créer des espaces intérieurs humains, luttait chaque fois un peu plus pour rendre des paysages artificiels qui avaient un sens en se basant sur ses sources sur Internet. Jusqu'au jour où il a produit un "paysage" que, étrangement, j’ai reconnu d'une manière ou d'une autre. Par instinct, j’ai décidé de faire une recherche inversée de cette image d'apprentissage automatique sur Google et, stupéfait, ai découvert que cet endroit existait à la surface de la Terre.

Je suis alors devenu obsédé par ce village abandonné, plein de fenêtres et de portes, au milieu du désert arabe. Impossbile de m'ôter de la tête cette coïncidence qui ne pouvait pas en être une, alors j’ai fait la seule chose raisonnable à laquelle je pouvais penser, je m'y suis rendu. 14 heures de vol et des heures de conduite dans le désert plus tard, j’ai passé 4 jours intenses dans le village, seul, à documenter ce lieu surréaliste que j’ai trouvé à travers une machine. Parallèlement à cette exploration, mes recherches en machine learning ont continué et j’ai trouvé le deuxième outil utilisé pour INTERSPACE, le programme Runway ML. Avec un modèle que j’ai créé à l’intérieur du programme grâce à de longues heures d'apprentissage en ligne sur tout ce que je pouvais trouver sur le codage et le machine learning, j’ai ensuite conçu un modèle (basé sur des modèles existants) capable de séparer deux images et d'en fondre une dans l'autre afin que le programme crée une étape entre les deux : un "espace intermédiaire". Le modèle d'apprentissage automatique devenait de plus en plus précis dans la reconnaissance d'éléments intéressants tels que les carrés blancs de lumière (fenêtres et portes) et, par conséquent, se concentrait sur ces éléments à l'intérieur des espaces intermédiaires créés. Après avoir créé plusieurs milliers d'images, je les ai ensuite "assemblées" afin de créer les vidéos des INTERSPACES. D'autres univers apparaissent alors, étranges mais néanmoins reconnaissables, sans être enfermés comme nous y étions presque habitués. Ces univers se veulent être ceux de tous, dans lesquels chacun peut voyager et s'évader, mais qui cependant n'est la propriété de personne si ce n'est de l'imagination.

INSTALLATION

L'espace était divisé en deux : Les deux panneaux de droite étaient des "Interspaces" composés à 100% d'images de pièces vides à Genève. Les deux panneaux de gauche (un seul visible sur cette vidéo) étaient des "Interspaces" composés à 100% d'images d’Al Madam dans le désert. Le panneau central avait une face (celle du haut) où était projeté un "Interspace" composé de 60% d'images de Genève et 40% d'images d'Al Madam, la face du bas y était projeté le pourcentage opposé.